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Les acides gras oméga‐3 pour la prévention du déclin cognitif et de la démence

Contexte

Des données issues d'études observationnelles laissent penser qu'une alimentation riche en acides gras polyinsaturés à longue chaîne oméga‐3 (AGPI oméga‐3) peut protéger contre le déclin cognitif et la démence. La puissance de cet effet protecteur potentiel a été récemment examinée dans des essais contrôlés randomisés.

Objectifs

Évaluer les effets de la supplémentation en AGPI oméga‐3 pour la prévention de la démence et du déclin cognitif chez les personnes âgées cognitivement saines.

Stratégie de recherche documentaire

Le 6 avril 2012 nous avons effectué une recherche dans ALOIS, le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la démence et les autres troubles cognitifs, à l'aide des termes : « omega 3 », PUFA, « fatty acids », « fatty acid », fish, linseed, eicosapentaenoic, docosahexaenoic (oméga‐3, AGPI, acides gras, acide gras, poisson, graines de lin, eicosapentaénoïque, docosahexaénoïque).

Critères de sélection

Des essais contrôlés randomisés d'une intervention d'AGPI oméga‐3 poursuivie pendant un minimum de six mois sur des participants âgés d'au moins 60 ans ne présentant aucun signe de démence ou de troubles cognitifs au début de l'étude. Deux auteurs de la revue ont évalué les essais de façon indépendante.

Recueil et analyse des données

Les auteurs ont recherché et extrait les données sur la démence incidente, la fonction cognitive, la sécurité et l'observance du traitement, soit dans des rapports publiés soit en contactant les chercheurs pour obtenir les données originales. Deux auteurs de la revue ont extrait les données. Nous avons calculé la différence moyenne (DM) ou la différence moyenne standardisée (DMS), avec intervalles de confiance (IC) à 95 %, en intention de traiter et nous avons résumé narrativement les informations sur la sécurité et l'observance du traitement.

Résultats principaux

Les informations sur la fonction cognitive en début d'étude étaient disponibles pour 4 080 participants randomisés dans trois essais. En fin de suivi, les données sur la fonction cognitive étaient disponibles pour 3 536 participants.

Dans deux études les participants avaient reçu des capsules de gel contenant soit des AGPI oméga‐3 (l'intervention) soit de l'huile d'olive ou de tournesol (placebo) pendant six ou 24 mois. Dans une étude, les participants avaient reçu de la margarine à tartiner pendant 40 mois ; la margarine du groupe d'intervention contenait des AGPI oméga‐3. Dans deux études le principal critère de jugement était la santé cognitive ; une étude portant sur la maladie cardiovasculaire avait inclus la santé cognitive comme critère de jugement supplémentaire.

Aucune des études n'avait examiné l'effet des AGPI oméga‐3 sur la démence incidente. Dans deux études impliquant 3 221 participants il n'y avait pas de différence entre les groupes oméga‐3 et placebo dans le score au mini‐examen de l'état mental en fin de suivi (après 24 ou 40 mois d'intervention) ; DM ‐0,07 (IC à 95 % ‐0,25 à 0,10). Dans deux études impliquant 1 043 participants, d'autres tests de la fonction cognitive tels que l'apprentissage de mots, l'empan de chiffres et la fluidité verbale ne montraient aucun effet bénéfique de la supplémentation en AGPI oméga‐3. Les participants tant des groupes d'intervention que témoins n'avaient subi que peu ou pas du tout de déclin cognitif durant les études.

Le principal effet secondaire signalé de la supplémentation en AGPI oméga‐3 consistait en de légers problèmes gastro‐intestinaux. Dans l'ensemble, moins de 15 % des participants avaient fait état d'évènements indésirables mineurs et cela était équilibré entre les groupes d'intervention. Le respect de l'intervention était en moyenne de plus de 90 % chez les personnes ayant poursuivi les essais jusqu'à leur terme. Les trois études incluses dans cette revue sont de bonne qualité méthodologique.

Conclusions des auteurs

On manque de données directes concernant l'effet des AGPI oméga‐3 sur la démence incidente. Les essais disponibles ne montraient aucun bénéfice de la supplémentation en AGPI oméga‐3 sur la fonction cognitive chez les personnes âgées cognitivement saines. La supplémentation en AGPI oméga‐3 est généralement bien tolérée, l'effet secondaire le plus fréquemment signalé étant des problèmes gastro‐intestinaux légers.

De nouvelles études de plus longue durée sont nécessaires. Des études à plus long terme pourraient identifier de plus grands changements dans la fonction cognitive chez les participants, ce qui pourrait améliorer la capacité à détecter les éventuels effets de la supplémentation en AGPI oméga‐3 sur la prévention du déclin cognitif chez les personnes âgées.

PICO

Population
Intervention
Comparison
Outcome

El uso y la enseñanza del modelo PICO están muy extendidos en el ámbito de la atención sanitaria basada en la evidencia para formular preguntas y estrategias de búsqueda y para caracterizar estudios o metanálisis clínicos. PICO son las siglas en inglés de cuatro posibles componentes de una pregunta de investigación: paciente, población o problema; intervención; comparación; desenlace (outcome).

Para saber más sobre el uso del modelo PICO, puede consultar el Manual Cochrane.

Plain language summary

Les huiles de poisson pour la prévention de la démence chez les personnes âgées

La démence est une maladie progressive qui affecte principalement les personnes âgées. Des recherches antérieures basées sur des études observationnelles ont donné à penser que la consommation accrue d'huiles de poisson riches en acides gras polyinsaturés à longue chaîne oméga‐3(AGPI oméga‐3) peut réduire le risque de développer une démence, tandis que d'autres études ne montrent aucun effet. Les poissons gras comme le saumon, le maquereau, le hareng et les sardines sont une riche source d'AGPI oméga‐3 qui sont essentiels pour le développement du cerveau.

Les auteurs de cette analyse ont inclus des études où des participants âgés de plus de 60 ans et en bonne santé étaient cognitivement sains au début de l'étude ont été randomisés pour recevoir soit un supplément d'AGPI oméga‐3 dans leur alimentation soit un placebo (tel que l'huile d'olive). Les principaux critères de jugement étaient les nouveaux cas de démence diagnostiqués au cours de d'étude, le déclin cognitif, les effets secondaires et le respect de l'intervention.

Les auteurs ont inclus trois essais contrôlés randomisés impliquant un total de 3 536 participants. Dans deux études les participants avaient été répartis aléatoirement pour recevoir des capsules de gel contenant soit des AGPI oméga‐3 soit de l'huile d'olive ou de tournesol, pendant six ou 24 mois. Dans la troisième étude les participants avaient été répartis aléatoirement pour recevoir des pots de margarine pendant 40 mois (margarine ordinaire versus margarine enrichie en AGPI oméga‐3).

Aucune des études n'avait examiné l'effet des AGPI oméga‐3 sur les nouveaux cas de démence au cours de la période d'étude. Dans deux études impliquant 3 221 participants il n'y avait pas de différence entre les groupes AGPI oméga‐3 et placebo dans le score au mini‐examen de l'état mental en fin de suivi. Dans deux études (1 043 participants en tout), d'autres tests de la fonction cognitive tels que l'apprentissage de mots, l'empan de chiffres et la fluidité verbale ne montraient aucun effet bénéfique de la supplémentation en AGPI oméga‐3. Les participants tant des groupes d'intervention que témoins n'avaient subi que peu ou pas de déclin cognitif durant les études.

Le principal effet secondaire rapporté de la supplémentation en AGPI oméga‐3 consistait en de légers problèmes gastro‐intestinaux, mais dans l'ensemble moins de 15 % des participants avaient fait état de symptômes mineurs et cela arrivait autant dans le groupe témoin que chez ceux recevant une supplémentation en AGPI oméga‐3. L'observance du protocole de supplémentation était élevée dans tous les essais avec en moyenne plus de 90 % des suppléments apparemment consommés par les participants aux essais. Les trois études incluses dans cette revue étaient de bonne qualité méthodologique et les résultats ne sont donc probablement pas dus au hasard ou à des biais.

Les résultats des études disponibles ne montrent aucun avantage pour la fonction cognitive de la supplémentation en AGPI oméga‐3 chez les personnes âgées saines cognitivement. La supplémentation en AGPI oméga‐3 peut avoir d'autres bénéfices pour la santé et les auteurs font remarquer que la consommation de poisson est recommandée dans le cadre d'une alimentation saine.

Des études de plus longue durée sont nécessaires, durant lesquelles de plus grands changements pourraient survenir dans la fonction cognitive, afin de permettre aux chercheurs d'identifier d'éventuels bénéfices des AGPI oméga‐3 dans la prévention du déclin cognitif.