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Les interventions psychologiques pour les adultes ayant commis ou risquant de commettre des agressions sexuelles

Abstract

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Contexte

Les agressions sexuelles sont une notion juridique qui chevauche, mais n'est pas entièrement compatible avec, les conceptions cliniques des troubles de la préférence sexuelle. Les agressions sexuelles sont un problème social et de santé publique. Les enquêtes auprès des victime indiquent des niveaux élevés d'incidence et de prévalence, et il est généralement admis qu'il existe une importante part de victimisation sexuelle restant cachée. Il existe des niveaux significatifs de morbidité psychiatrique chez les survivants d'agressions sexuelles.

Les interventions psychologiques sont généralement basées sur des théories comportementales et psychodynamiques.

Les interventions comportementales sont divisées en deux groupes principaux : un groupe fondé sur la méthode traditionnelle du conditionnement classique et/ou de la théorie de l'apprentissage opérant et un groupe fondé sur des approches comportementales et cognitives. Les approches peuvent se recouper. Lorsqu'il est question des interventions associées aux théories traditionnelles de l'apprentissage opérant et classique, on parle de modifications comportementales ou de thérapie comportementale et le focus porte explicitement sur le changement des comportements en administrant un stimulus et en mesurant ses effets sur le comportement manifesté. Parmi les traitements d'un délinquant sexuel, on peut compter la thérapie par aversion, la sensibilisation cachée ou le conditionnement olfactif. Les thérapies comportementales et cognitives visent à modifier les processus internes (les pensées, croyances, émotions, l'excitation physiologique), mais aussi à modifier le comportement manifestés, tels que les habiletés sociales ou les comportements adaptatifs. Ces thérapies peuvent impliquer d'établir des liens entre les pensées, sentiments, comportements et les agressions des délinquants ; de corriger leurs perceptions erronées, leurs croyances irrationnelles et leurs biais de raisonnement associés à leurs agressions ; d'enseigner aux délinquants à surveiller leurs propres pensées, sentiments et comportements associés aux agressions et de promouvoir des méthodes alternatives pour faire face aux pensées et désirs sexuels déviants.

Les interventions psychodynamiques partagent une origine commune dans la théorie psychanalytique. Celles‐ci partent du principe que les agressions sexuelles proviennent d'un déséquilibre des trois composants de l'esprit : le "ça", le "moi" et le "surmoi", et les délinquants sexuels souffriraient d'un déséquilibre du tempérament dû à un "ça" trop puissant (une augmentation des pulsions sexuelles et de la libido) et à un "surmoi" trop faible (un faible niveau de probation morale) qui sont également affectés par l'environnement durant la jeunesse.

Cet article est une mise à jour d'une revue Cochrane précédente mais se base sur un nouveau protocole.

Objectifs

Évaluer les effets des interventions psychologiques sur les personnes ayant commis ou risquant de commettre des agressions sexuelles.

Stratégie de recherche documentaire

En septembre 2010, nous avons effectué des recherches dans : CENTRAL, MEDLINE, Allied and Complementary Medicine (AMED), Applied Social Sciences Index and Abstracts (ASSIA), BIOSIS Previews, CINAHL, COPAC, Dissertation Abstracts, EMBASE, International Bibliography of Social Sciences (IBSS), ISI Proceedings, Science Citation Index Expanded (SCI), Social Sciences Citation Index (SSCI), National Criminal Justice Reference Service Abstracts Database, PsycINFO, OpenSIGLE, Social Care Online, Sociological Abstracts, UK Clinical Research Network Portfolio Database et nous avons contacté plusieurs experts dans le domaine.

Critères de sélection

Les essais randomisés comparant une intervention psychologique aux soins habituels ou à une autre thérapie psychologique pour les adultes traités en milieux institutionnels ou communautaires pour des comportements sexuels ayant entraîné une condamnation ou une libération sous caution pour agressions sexuelles ou pour ceux cherchant volontairement à suivre un traitement pour des comportements considérés comme étant illégaux.

Recueil et analyse des données

Au moins deux auteurs ont indépendamment sélectionné les études, extrait les données et évalué le risque de biais des études. Nous avons contacté les auteurs des études pour obtenir des informations supplémentaires, notamment des détails concernant les méthodes et les données de résultat.

Résultats principaux

Nous avons inclus dix études portant sur les données de 944 hommes d'âge adulte.

Cinq essais portaient sur des interventions comportementales et cognitives (TCC) (n = 664). Quatre d'entre eux comparaient une TCC à l'absence de traitement ou à un groupe témoin sur liste d'attente, et un essai avait comparé la TCC à des soins standard. Une seule étude avait collecté des données sur le critère de jugement principal. La plus grande étude (n = 484) comparait l'intervention la plus complexe à l'absence de traitement. Les données de résultat à long terme étaient rapportées pour les groupes dans lesquels le nombre moyen d'années « à risque » passées dans la communauté était similaire (8,3 ans de traitement (n = 259) par rapport à 8,4 dans le groupe témoin (n = 225)). Il n'y avait aucune différence entre ces groupes en termes de risques de récidive mesurés par le nombre de nouvelles condamnations pour agressions sexuelles (risque relatif (RR) 1,10 ; IC à 95 % 0,78 à 1,56).

Quatre essais (n = 70) comparaient un programme comportemental à un programme comportemental alternatif ou à un groupe témoin sur liste d'attente. Aucune méta‐analyse n'a été possible pour cette comparaison. Dans deux études (toutes deux croisées, n = 29), aucune donnée ventilée n'était disponible. Les deux études comportementales restantes comparaient une désensibilisation imaginale avec soit une sensibilisation cachée ou dans le cadre d'une thérapie médicamenteuse adjuvante (n = 20 et 21, respectivement). Dans ces deux études, les résultats pour le critère de jugement principal (être « inculpé pour comportement anormal ») étaient encourageants, avec une seule nouvelle inculpation dans les groupes traités à un an dans la première étude, et dans la dernière étude, une seule nouvelle inculpation (dans le groupe recevant seulement des médicaments) sur deux ans.

Une étude comparait une intervention psychodynamique à une période probatoire. Les résultats de cette étude (n = 231) indiquent une légère tendance en faveur du groupe témoin (probation) par rapport à l'intervention (thérapie de groupe) en termes d'agressions sexuelles mesurées par le nombre de réarrestations (RR 1,87 ; IC à 95 % 0,78 à 4,47) au bout d'un suivi sur 10 ans.

Les données concernant les événements indésirables, « les pulsions à réaliser des actes sexuels atypiques » et les critères de jugement secondaires des facteurs de risque de récidive supposés être « dynamiques », notamment la colère et les distorsions cognitives, étaient limitées.

Conclusions des auteurs

La conclusion incontestable de cette revue est la nécessité d'essais contrôlés randomisés supplémentaires. Même si nous reconnaissons que la randomisation est considérée par certains comme étant non éthique ou politiquement inacceptable (des croyances fondées sur le postulat erroné selon lequel le traitement expérimental est supérieur à l'intervention témoin – l'objectif de l'essai étant justement d'évaluer cela), en l'absence de telles preuves aucun progrès ne saurait survenir dans ce domaine. Non seulement cela pourrait entraîner la poursuite du recours à des interventions inefficaces (voire potentiellement dangereuses), mais cela signifie également que la société développe un sentiment de sécurité erroné en croyant qu'une fois que la personne a été traitée son risque de récidive est réduit. Les preuves actuellement disponibles ne soutiennent pas cette croyance. Les futurs essais devront s'efforcer de minimiser les risques de biais, de maximiser la qualité de la notification et d'inclure un suivi sur au moins cinq ans en étant « à risque » dans la communauté.

PICO

Population
Intervention
Comparison
Outcome

El uso y la enseñanza del modelo PICO están muy extendidos en el ámbito de la atención sanitaria basada en la evidencia para formular preguntas y estrategias de búsqueda y para caracterizar estudios o metanálisis clínicos. PICO son las siglas en inglés de cuatro posibles componentes de una pregunta de investigación: paciente, población o problema; intervención; comparación; desenlace (outcome).

Para saber más sobre el uso del modelo PICO, puede consultar el Manual Cochrane.

Plain language summary

Les interventions psychologiques destinées aux délinquants sexuels ou aux personnes ayant commis ou risquant de commettre des agressions sexuelles

Les agressions sexuelles sont un problème social et de santé publique. Les enquêtes auprès des victimes montrent que les abus sexuels sont fréquents et que, dans la majorité des cas, ceux‐ci ne sont jamais rapportés aux systèmes de justice pénale.

Les interventions psychologiques sont généralement basées sur des théories comportementales et psychodynamiques. Ces interventions pourraient être conçues de manière à modifier les croyances d'un délinquant, ses sentiments ou ses opinions sur les relations, avec comme objectif ultime de changer le comportement.

Une revue Cochrane publiée 10 ans auparavant a examiné les preuves concernant les traitements psychologiques des délinquants sexuels et les données étaient insuffisantes pour tirer des conclusions (Kenworthy 2003). La présente revue se base sur un nouveau protocole et une recherche de littérature menée en septembre 2010.

Nous avons examiné les preuves concernant l'efficacité des interventions psychologiques chez les délinquants sexuels ou les personnes jugées susceptibles de commettre des agressions. Nous avons exclu les interventions destinées aux délinquants sexuels ayant des difficultés d'apprentissage, car ceux‐ci font l'objet d'une revue Cochrane distincte (Ashman 2008).

Nous avons identifié 10 études pertinentes contenant des données sur 944 hommes d'âge adulte. Peu de ces études ont fourni des informations concernant le résultat principal de cette revue : la récidive. Cela était généralement dû au fait que les études n'avaient pas collecté de données pendant des périodes suffisamment longues en dehors du lieu d'incarcération ou de traitement. De nombreuses études se basaient sur d'autres mesures des résultats (par exemple, les compétences sociales ou de gestion de la colère) sélectionnées par les investigateurs dans l'espoir qu'elles soient liées d'une certaine manière aux récidives, bien qu'il ne soit pas possible d'affirmer avec certitude que ces liens prédisent les récidives.

Cinq des essais que nous avons identifiés impliquaient 664 hommes et utilisaient des interventions comportementales cognitives (TCC). Dans l'étude ayant le plus de participants et comprenant le « package » le plus complexe et le plus intensif de traitements à la fois au sein et à l'extérieur d'un établissement pénitentiaire, il n'y avait aucune différence entre le groupe ayant bénéficié d'une TCC et ceux n'ayant pas suivi cette thérapie en termes de risque de récidive tel que mesuré par le nombre de nouvelles condamnations pour agressions sexuelles.

Une étude, impliquant 231 hommes, a comparé une intervention psychodynamique aux soins habituels, c'est‐à‐dire une période probatoire, et a suggéré que cette période probatoire était légèrement plus efficace en termes de réduction des récidives.

Les programmes comportementaux ont été examinés dans quatre essais impliquant 70 hommes. Dans deux études, il n'y avait pas suffisamment de données rapportées pour évaluer l'efficacité du traitement. Pour les deux autres, des résultats encourageants concernant les récidives et les pulsions auto‐rapportées doivent être considérés avec prudence car les études sont relativement anciennes, ce qui signifie que de nombreux participants ne rechercheraient pas actuellement de traitement ou celui‐ci ne leur serait pas proposé, car certains des comportements ciblés ont été décriminalisés.

Les données concernant les événements indésirables, « les pulsions à réaliser des actes sexuels atypiques » et les résultats secondaires supposés être des facteurs de risque de récidive « dynamiques », notamment la colère et les distorsions cognitives, étaient limitées.

Nous avons conclu que d'autres essais contrôlés randomisés sont urgemment nécessaires dans ce domaine, de sorte que la société ne développe pas un sentiment erroné de sécurité en croyant qu'une fois qu'une personne a été traitée son risque de récidive sera réduit. À l'heure actuelle, les preuves ne permettent pas de soutenir cette croyance.