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Collage d'un ruban sur la rotule pour le syndrome de douleur fémoro‐patellaire chez l'adulte

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Résumé scientifique

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Contexte

Le syndrome de douleur fémoro‐patellaire se réfère à la présentation clinique de la douleur au genou liée à des changements dans l'articulation fémoro‐patellaire. Dans le syndrome fémoro‐patellaire la douleur débute en général progressivement, sans aucune des caractéristiques associées aux autres pathologies et traumatismes du genou. Il est souvent traité par des physiothérapeutes au moyen de toute une variété de techniques, dont le collage d'un ruban sur la rotule. Cela implique l'application d'un ruban adhésif de médecine sportive directement sur la peau couvrant la rotule, sur le devant du genou. Les patients signalent souvent une amélioration instantanée de la douleur et du fonctionnement après application du ruban, mais ses effets à long terme sont incertains.

Objectifs

L'objectif était d'évaluer les effets, principalement sur ​​la douleur et le fonctionnement, du collage d'un ruban sur la rotule pour le traitement du syndrome de douleur fémoro‐patellaire chez l'adulte.

Stratégie de recherche documentaire

Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du Groupe Cochrane sur les traumatismes ostéo‐articulaires et musculaires, le registre Cochrane des essais contrôlés, MEDLINE, CINAHL, EMBASE, PEDro, SPORTDiscus, AMED, les références bibliographiques d'articles, des registres d'essais et des actes de conférence. Toutes les recherches ont été menées jusqu'à août 2011.

Critères de sélection

Des essais contrôlés randomisés et quasi‐randomisés testant les effets du collage d'un ruban sur la rotule au niveau des critères de jugement cliniquement pertinents, douleur et fonctionnement, chez l'adulte atteint du syndrome de douleur fémoro‐patellaire. Nous avons exclu les études examinant seulement les effets immédiats de l'application de la bande.

Recueil et analyse des données

Deux auteurs ont procédé, de façon indépendante, à la sélection des études, à l'évaluation du risque de biais et à l'extraction des données. Des investigateurs ont été contactés pour obtenir plus d'information. Lorsque cela était possible, les données ont été combinées.

Résultats principaux

Cinq petits essais contrôlés randomisés hétérogènes ont été inclus, tous à risque élevé de biais de performance et la plupart à risque d'au moins un autre type de biais. Ils ont été effectués sur environ 200 participants ayant un diagnostic de syndrome de douleur fémoro‐patellaire. Tous comparaient le collage d'un ruban à un groupe témoin (absence de ruban ou ruban placebo) et tous incluaient une ou plusieurs co‐interventions sur les participants tant du groupe à ruban que du groupe témoin ; des exercices avaient été prescrits dans quatre essais. L'intensité et la durée du traitement étaient très variées : par exemple, la durée du traitement allait d'une semaine dans un essai à trois mois dans un autre. Une méta‐analyse des données provenant d'une échelle visuelle analogique (EVA) de la douleur (échelle de 0 à 10 : pire douleur), mesurées de différentes façons et issues de quatre essais (données de 161 genoux), n'a pas mis en lumière de différence statistiquement ou cliniquement significative entre le collage et le non‐collage d'un ruban pour ce qui concerne la douleur à la fin des programmes de traitement (différence moyenne (DM) ‐0,15 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % ‐1,15 à 0,85 ; modèle à effets aléatoires utilisé en raison de la considérable hétérogénéité (P < 0,0001)). Les données relatives à d'autres critères de jugement mesurant le fonctionnement et les activités de la vie quotidienne ne provenaient que d'essais uniques et donnaient des résultats contradictoires.

Conclusions des auteurs

Les données fournies à ce jour par des essais rendant compte de critères de jugement cliniquement pertinents sont de mauvaise qualité et ne permettent pas de tirer de conclusions sur les effets du collage de ruban, qu'il soit utilisé seul ou comme élément d'un programme de traitement. Il conviendra de mener des recherches supplémentaires impliquant de grands essais contrôlés randomisés de bonne qualité et bien documentés, de préférence multicentriques, mesurant sur le long terme des critères de résultat cliniquement importants. Avant cela, un consensus est nécessaire sur le diagnostic du syndrome de douleur fémoro‐patellaire, la standardisation de la mesure de résultat et une approche acceptable pour le collage d'un ruban sur la rotule.

Résumé simplifié

Collage d'un ruban sur la rotule chez l'adulte souffrant de douleurs persistantes à l'avant du genou (douleur fémoro‐patellaire)

Les douleurs à l'avant du genou (également connues sous les noms de douleurs du genou antérieur ou de douleurs fémoro‐patellaires) sont un problème courant qui affecte en particulier ceux qui pratiquent certaines formes de sport ou d'exercice. Elles s'aggravent généralement lors de la montée et de la descente d'escaliers, ainsi qu'en position accroupie, à genoux et assise avec le genou plié. Cette pathologie ne doit pas être confondue avec l'arthrite du genou.

De telles douleurs du genou antérieur sont souvent traitées par les physiothérapeutes au moyen de différentes techniques. Une de ces techniques consiste à placer un simple morceau de ruban adhésif en travers de l'os de la rotule (patella) afin d'en contrôler le positionnement et de potentiellement réduire la douleur pendant les mouvements.

La revue a trouvé cinq essais impliquant environ 200 participants atteints de cette pathologie, qui avaient comparé l'utilisation clinique du collage de ruban à sa non‐utilisation. Les cinq études différaient toutes les unes des autres quant au type de participants (un essai portait sur des recrues militaires), à la longueur et la planification du programme de traitement et à l'évaluation du résultat. Dans quatre essais, des exercices avaient été prescrits aux participants tant du groupe à ruban adhésif que du groupe sans ruban ou à ruban placebo. En partie parce que tant le thérapeute que le patient savaient si ce‐dernier avait reçu un ruban adhésif, une certaine prudence était nécessaire dans l'interprétation des résultats des études. Les résultats regroupés de quatre essais (161 genoux) concernant le niveau de douleur à la fin du programme de traitement (allant d'une semaine à trois mois) n'ont montré aucune différence entre ceux ayant bénéficié d'un ruban adhésif et les autres. Les données relatives à d'autres critères de jugement mesurant le fonctionnement et les activités de la vie quotidienne ne provenaient que d'essais uniques et donnaient des résultats variés.

La revue a conclu que les données fournies présentement par des essais rendant compte de critères de jugement cliniquement pertinents sont de mauvaise qualité et ne permettent pas de tirer de conclusions sur les effets du collage de ruban. Cependant, avant que des essais supplémentaires ne soient effectués, un certain consensus est nécessaire afin de définir les patients typiques, la technique de collage et la meilleure façon de mesurer le résultat.