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Interventions visant à améliorer les pratiques de prescription d'antibiotiques dans les soins ambulatoires

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Résumé scientifique

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Contexte

La résistance aux antibiotiques de nombreux agents pathogènes humains importants a été associée à une exposition de longue durée aux antibiotiques. L'utilisation inappropriée des antibiotiques pour des infections virales (pour lesquelles ils ne servent à rien) et l'utilisation excessive d'antibiotiques à large spectre au lieu d'antibiotiques à spectre plus étroit sont bien documentées partout dans le monde. De nombreuses études ont permis d'identifier les raisons pour lesquelles les médecins utilisaient les antibiotiques de manière inappropriée.

Objectifs

Effectuer une revue systématique des ouvrages scientifiques existants pour évaluer l'efficacité des interventions professionnelles, seules ou combinées, pour améliorer la sélection, le dosage et la durée des traitements antibiotiques prescrits par les prestataires de santé dans un environnement de consultation externe ; et évaluer l'impact de ces interventions sur la réduction de l'incidence des agents pathogènes résistant aux antimicrobiens.

Stratégie de recherche documentaire

Nous avons consulté le registre spécialisé du groupe de revue Cochrane sur l'efficacité des pratiques et l'organisation des soins (EPOC) pour identifier les études portant sur la prescription d'antibiotiques et les soins ambulatoires. Des études supplémentaires ont été obtenues au moyen des références bibliographiques des articles extraits, du Scientific Citation Index et de fichiers personnels.

Critères de sélection

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) et quasi‐randomisés, les études contrôlées avant‐après et les études de séries chronologiques interrompues portant sur des consommateurs de soins de santé ou des professionnels de santé fournissant des soins primaires dans un environnement de consultation externe. Les interventions incluaient toute intervention professionnelle conforme à la définition de l'EPOC ou une intervention axée sur le patient.

Recueil et analyse des données

Deux auteurs de revue ont extrait les données et évalué la qualité des études de manière indépendante.

Résultats principaux

Trente‐neuf études examinaient les effets des brochures didactiques destinées aux médecins, de l'audit et du feedback, des réunions de formation, des visites éducatives externes, des modifications apportées au système de soins et au système de remboursement, des rappels envoyés aux médecins, des interventions axées sur le patient et des interventions multidimensionnelles. Ces interventions portaient sur l'utilisation excessive d'antibiotiques pour les infections virales, le choix de l'antibiotique pour les infections bactériennes telles que la pharyngite à streptocoques et l'infection urinaire, et la durée du traitement antibiotique pour des maladies telles que l'otite moyenne aiguë. L'utilisation de brochures didactiques ou d'audit et de feedback seuls n'entraînait que peu ou pas de changement en matière de prescription. Une étude faisait exception, qui documentait une réduction durable de l'utilisation de macrolide en Finlande suite à la publication d'un avertissement rappelant leur contre‐indication pour les infections streptococciques du groupe A. Les réunions de formation interactives s'avéraient plus efficaces que les conférences didactiques. Les visites éducatives externes et l'envoi de rappels aux médecins produisaient des résultats contrastés. Les interventions axées sur les patients, en particulier l'utilisation de prescriptions différées pour les infections n'exigeant pas de traitement antibiotique immédiat, réduisaient la prise d'antibiotiques et n'entraînait pas de morbidité excessive. Les interventions multidimensionnelles combinant une formation des médecins, des patients et du public dans plusieurs environnements et sous différentes formes étaient les plus efficaces pour réduire les prescriptions d'antibiotiques non indiquées. Une seule étude sur quatre rapportait une réduction durable de l'incidence des bactéries résistantes aux antibiotiques associée à l'intervention.

Conclusions des auteurs

L'efficacité des interventions portant sur la prescription d'antibiotiques dépend en grande mesure du comportement de prescription de chaque médecin et des obstacles au changement au niveau local. Aucune intervention individuelle ne peut s'appliquer à tous les comportements et tous les environnements. Les interventions multidimensionnelles impliquant des interventions éducatives à plusieurs niveaux peuvent être efficaces au niveau local lorsque les obstacles au changement ont été éliminés. Ces interventions étaient les seules à présenter un effet d’une taille suffisante qui permette potentiellement de réduire l'incidence des bactéries résistantes aux antibiotiques. Les recherches à venir devront s'attacher à identifier les éléments les plus efficaces au sein de ces interventions. Les interventions axées sur les patients et l'envoi de rappels aux médecins semblent prometteuses et des méthodes innovantes comme celles‐là méritent d'être étudiées plus en détail.

Résumé simplifié

Améliorer la manière dont les antibiotiques sont prescrits par les médecins de proximité.

Les antibiotiques sont utilisés pour traiter les infections causées par des bactéries, telles que les pneumonies et les otites. Avec le temps, de nombreuses bactéries ont développé une résistance aux antibiotiques. Cela signifie que, si une bactérie résistante est présente, les antibiotiques peuvent ne pas être efficaces pour guérir l'infection. Les bactéries développent une résistance parce que les antibiotiques sont utilisés trop fréquemment et de manière inappropriée.

Les recherches ont montré que les médecins qui travaillent dans des environnements de proximité (cabinets et cliniques) sont partiellement responsables de la résistance des bactéries. Des études ont montré que les médecins commettaient l'erreur de prescrire des antibiotiques pour des infections causées par des virus (telles qu'un rhume simple). Ils prescrivent également des antibiotiques qui tuent plusieurs bactéries alors qu'ils devraient prescrire un antibiotique visant une bactérie spécifique. Il se peut également que les médecins prescrivent une dose et une durée de traitement inappropriées. Ces erreurs de prescription sont dues à de nombreux facteurs, notamment au fait que certains patients insistent pour qu'on leur prescrive des antibiotiques, que les médecins n'ont pas toujours le temps d'expliquer pourquoi les antibiotiques ne sont pas nécessaires et les prescrivent simplement pour gagner du temps, que certains médecins ne savent pas quand prescrire des antibiotiques ou comment reconnaître une infection bactérienne grave et que certains médecins font preuve d'une prudence excessive.

Des méthodes ont été étudiées pour améliorer la manière dont les médecins de proximité prescrivent des antibiotiques. Dans cette revue, 39 études ont été analysées pour identifier les méthodes les plus efficaces. L'utilisation de brochures pour expliquer aux médecins comment prescrire les antibiotiques ou le fait de leur fournir un feedback concernant leur comportement de prescription n'améliorait pas leurs prescriptions ou n'entraînait qu'une amélioration limitée. Les réunions de formation des médecins amélioraient leurs prescriptions mais pas les conférences. L'efficacité des visites d'éducateurs ou de l'envoi de rappels aux médecins n'était pas clairement établie. L'utilisation de prescriptions différées réduisait l'utilisation d'antibiotiques sans augmenter le risque de maladie grave. Une prescription différée signifie que le médecin prescrit des antibiotiques au patient quelques jours après sa visite ; on pense que les infections sans gravité guériront toutes seules au cours de cette période et que le patient n'aura pas besoin d'antibiotiques. Ces études ont également montré que l'utilisation combinée de plusieurs méthodes, telles que celles décrites ci‐dessus, était plus efficace que l'utilisation d'une seule méthode.

Les erreurs de prescription d'antibiotiques par les médecins de proximité étant dues à de nombreuses raisons, il n'est pas possible de recommander une seule méthode. L'utilisation de plusieurs méthodes peut cependant être utile pour modifier les comportements de prescription.