Scolaris Content Display Scolaris Content Display

Prise en charge de la consommation d'alcool en tant qu'intervention visant à réduire les dangers de l'alcoolisme chez les populations présentant des risques élevés de consommation abusive

Collapse all Expand all

Résumé scientifique

available in

Contexte

Les programmes de prise en charge de la consommation d'alcool (PPCCA) sont une stratégie de réduction des dangers personnels et des effets sociétaux adverses dus à l'alcoolo‐dépendance qui fournit des approches alternatives à la tolérance zéro en intégrant des objectifs de consommation (abstinence ou modération) compatibles avec les besoins de la personne et en facilitant l'accès à ces services en proposant des alternatives à la portée de tous. Ceci permet aux patients d'accéder à ces services malgré leur consommation continue d'alcool en les aidant à comprendre les risques liés à leur comportement et à prendre des décisions relatives à leurs propres objectifs de traitement.

Objectifs

Évaluer l'efficacité des schémas posologiques des traitements PPCCA (en servant des quantités d'alcool journalières limitées aux alcooliques), seuls ou comparés à une consommation modérée d'alcool (consommation autocontrôlée), du dépistage et d'une brève intervention utilisant une approche visant à réduire les risques, d'interventions classiques basées sur l'abstinence (programmes en 12 étapes) et de l'absence d'intervention.

Stratégie de recherche documentaire

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, EMBASE, CINAHL et PsycINFO jusqu'en mars 2012. Elles ont été étendues à des recherches manuelles dans des journaux et des actes de conférence pertinents qui n'ont pas déjà fait l'objet de recherches manuelles pour The Cochrane Collaboration, des recherches de listes bibliographiques de l'ensemble des articles et revues pertinents identifiés, des références à des essais cliniques en cours et récemment terminés dans le National Research Register et la base de données des essais cliniques de l'IFPMA (qui contient ClinicalTrials.gov, Centerwatch, Current Controlled Trials et ClinicalStudyResults.gov, ainsi que l'Osservatorio Nazionale sulla Sperimentazione Clinica dei Medicinali). Les registres d'essais, la littérature grise et les listes bibliographiques ont également fait l'objet de recherches. Des personnes, des organisations et des experts dans le domaine ont été contactés.

Critères de sélection

Des essais contrôlés randomisés (ECR), des essais cliniques contrôlés (ECC), des séries temporelles interrompues (STI) et des études contrôlées avant‐après (CAA) impliquant des personnes vulnérables âgées d'au moins 18 ans qui présentaient des risques élevés d'abus d'alcool en participant à un PPCCA, qui est un programme structuré servant quotidiennement aux patients une quantité contrôlée d'alcool, comparé à l'absence de traitement, une consommation modérée, une brève intervention ou des variantes en 12 étapes.

Recueil et analyse des données

Toutes les références bibliographiques des études ont été regroupées dans une base de données unique. Deux auteurs de la revue ont indépendamment analysé les titres et résumés, puis sélectionné des listes bibliographiques potentiellement pertinentes pour cette revue. Des discussions ont permis de résoudre tout différend concernant les sélections de listes bibliographiques. Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué si les études devaient être incluses ou exclues conformément aux critères d'éligibilité. En cas de désaccord, un troisième auteur a été consulté.

Résultats principaux

Aucune étude n'a été incluse dans cette revue. Cette revue systématique avait pour objectif d'évaluer l'efficacité d'un PPCCA à réduire l'incidence d'un comportement dangereux. Toutefois, aucune preuve n'était disponible pour effectuer cette comparaison ; 22 articles ont été considérés comme étant éventuellement pertinents et tous ont été exclus. La majorité des articles ont été exclus car la comparaison ou la prise en charge de la consommation d'alcool a échoué en tant qu'intervention expérimentale ou témoin, ainsi qu'une étude (Baker 2010) qui a également été exclue car les participants étaient âgés de moins de 18 ans. Aucune étude examinée ne comparait une intervention à la prise en charge de la consommation d'alcool, ou ne la considérait comme une intervention intéressante, et fournissait des preuves insuffisantes pour répondre aux objectifs de la revue. Quatre études (Aalto 2001 ; Baker 2010 ; Bertholet 2005 ; Tracy 2007) considéraient la baisse de la consommation d'alcool comme un résultat intéressant, alors que quatre ont entrepris des interventions dans un foyer ou ciblaient des personnes vulnérables (Baker 2010 ; Bradford 2005 ; Lapham 1993 ; McGlynn 1993) ; seule une étude (Kidd 2011) proposait une évaluation qualitative d'un participant admis dans un PPCCA, mais n'offrait aucune analyse du programme même. Ces résultats reflètent précisément le recours aux PPCCA dans la pratique courante car les programmes existants sont en cours uniquement dans un nombre réduit d'échantillon de projets pilotes ciblant des personnes dont l'alcoolo‐dépendance est très élevée ou qui ingèrent de l'alcool impropre à la consommation.

Conclusions des auteurs

Le manque de preuves ne permet d'émettre aucune conclusion concernant l'efficacité des PPCCA seuls ou comparés à une brève intervention, une consommation modérée, l'absence d'intervention ou des variantes à 12 étapes. D'après les auteurs de la revue, il est probable qu'il s'agisse de l'objectif des PPCCA qui réduisent leur signalisation et leur utilisation dans la pratique courante, plutôt qu'un échec de la mise à disposition d'une intervention qui réduit les effets de l'alcoolo‐dépendance. L'objectif de réduire les comportements dangereux ou antisociaux chez des personnes vulnérables via une régulation de la consommation quotidienne d'alcool, au lieu d'une réduction de la consommation abusive d'alcool au fil du temps, représente une difficulté considérable pour le développement de mesures efficaces d'après les données signalées (seuils de traitement faibles), la surveillance de leur efficacité à long terme ou l'établissement de liens de causalité entre l'admission dans un programme et la diminution de comportements ciblés, étant donné qu'une participation prolongée à un programme indique probablement une volonté de la personne de changer son profil de comportement. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour développer la signalisation de mesures de résultats, ainsi que des méthodologies permettant de relever ces défis spécifiques.

Résumé simplifié

available in

Prise en charge de la consommation d'alcool en tant qu'intervention visant à réduire les dangers de l'alcoolisme chez les populations présentant des risques élevés de consommation abusive

Les programmes de prise en charge de la consommation d'alcool (PPCCA) sont des initiatives de réduction des risques qui traitent l'abus d'alcool chez des personnes vulnérables en servant des quantités contrôlées d'alcool selon un planning quotidien et dont l'objectif est d'assurer une consommation sans danger de boissons alcoolisées dans un environnement qui préserve ces personnes, qui diminue leur consommation d'alcool et qui améliore leur fonctionnement social (baisse de l'activité criminelle, sollicitation de soins médicaux réguliers et amélioration de la qualité de vie) dans le cadre de ces programmes de traitement. Tout comme les PPCCA, il existe des interventions alternatives, comme une brève intervention, une consommation modérée et des programmes d'abstinence en 12 étapes. Hormis les programmes en 12 étapes, qui privilégient l'abstinence, ces interventions ont pour objectif de modifier les profils alcooliques et de réduire les comportements en résultant. Aucune étude expérimentale n'était disponible pour démontrer l'efficacité des PPCCA à réduire la consommation d'alcool ou des comportements antisociaux par rapport aux autres traitements.