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Envoie de messages par téléphone portable pour faciliter l'auto‐prise en charge de maladies à long terme

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Résumé scientifique

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Contexte

Les maladies à long terme touchent une proportion significative de la population dans les pays développés et en développement. Les applications de messagerie par téléphone portable, comme les SMS (Short Message Service) et les MMS (Multimedia Message Service), peuvent fournir des méthodes pratiques et économiques pour améliorer l'auto‐prise en charge et les compétences d'auto‐efficacité des patients, par exemple : des rappels concernant leur traitement médicamenteux, des ajustements de traitement ou des messages de soutien.

Objectifs

Évaluer les effets des applications de messagerie pour téléphone portable conçues pour faciliter l'auto‐prise en charge de maladies à long terme, en termes d'impact sur les résultats sur la santé et de capacité des patients à auto‐prendre en charge leur affection. Les objectifs secondaires incluent : l'évaluation de l'intervention, de l'utilisation et des coûts des services de santé par l'utilisateur, ainsi que les risques et les dangers éventuels liés à l'intervention.

Stratégie de recherche documentaire

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, The Cochrane Library 2009, numéro 2), MEDLINE (OvidSP) (de janvier 1993 à juin 2009), EMBASE (OvidSP) (de janvier 1993 à juin 2009), PsycINFO (OvidSP) (de janvier 1993 à juin 2009), CINAHL (EBSCOhost) (de janvier 1993 à juin 2009), LILACS (de janvier 1993 à juin 2009) et African Health Anthology (de janvier 1993 à juin 2009).

Nous avons également consulté la littérature grise (y compris les registres d'essais) et les listes bibliographiques des articles.

Critères de sélection

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR), des essais contrôlés quasi randomisés (ECQR), des études contrôlées avant‐après (CAA) et des études de séries temporelles interrompues (STI) disposant d'au moins trois points temporels avant et après l'intervention. Nous avons uniquement sélectionné les études dans lesquelles il était possible d'évaluer les effets de la messagerie par téléphone portable indépendamment d'autres technologies ou interventions.

Recueil et analyse des données

Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué l'ensemble des études par rapport à des critères d'inclusion, tout désaccord étant résolu par un troisième auteur. Les caractéristiques de conception des études, les caractéristiques des populations cibles, des interventions et des contrôles, ainsi que les données de résultat, ont été extraites par deux auteurs de la revue et confirmées par un troisième. Les critères de jugement principaux étaient les résultats sur la santé suite à l'intervention et la capacité d'auto‐prise en charge d'affections à long terme. Nous avons également pris en compte l'évaluation de l'intervention par les patients et les prestataires de santé, leur perception en termes de sécurité, de coûts et de préjudices potentiels ou d'effets indésirables liés à l'utilisation de ces services de santé. Les études incluses étaient hétérogènes au niveau du type d'affection ciblé, des caractéristiques d'intervention et des critères de jugement. Par conséquent, une méta‐analyse permettant de déduire l'ampleur globale des effets des principales catégories de résultats n'a pas été jugée nécessaire et les résultats sont présentés de façon narrative.

Résultats principaux

Nous avons inclus quatre essais contrôlés randomisés impliquant 182 participants.

Pour le critère de jugement principal correspondant aux résultats sur la santé, y compris les mesures physiologiques, il existe des preuves de qualité moyenne issues de deux études réalisées chez des personnes diabétiques montrant l'absence de différence statistique entre des interventions consistant à envoyer des messages textes par rapport aux soins habituels ou à l'envoi de rappels par courrier électronique pour réaliser un contrôle de la glycémie (HbA1c), à la fréquence des complications diabétiques ou à la masse pondérale. Il existe des preuves de qualité moyenne issues d'une étude réalisée chez des patients hypertendus selon lesquelles la pression artérielle moyenne et la proportion de patients soumis à un contrôle de la pression artérielle n'étaient pas significativement différentes dans le groupe expérimental et témoin, et qu'il n'y avait aucune différence statistiquement significative au niveau de la masse pondérale moyenne entre les groupes. Il existe des preuves de qualité moyenne issues d'une étude selon lesquelles une nette amélioration de la variabilité du débit expiratoire de pointe (différence moyenne (DM) ‐ 11,12, intervalle de confiance (IC) à 95 % ‐ 19.56 à ‐ 2,68) et du score de symptômes groupés composés de quatre éléments (toux, symptômes nocturnes, qualité du sommeil et activité maximale tolérée) (DM ‐ 0,36, IC à 95 % ‐ 0,56 à ‐ 0,17) a été constatée chez les patients asthmatiques bénéficiant d'une intervention consistant à envoyer des messages textes par rapport au groupe témoin. Toutefois, cette étude n'a trouvé aucune différence significative entre les groupes au niveau de l'impact sur la capacité vitale forcée ou le débit expiratoire forcé en 1 seconde.

Pour le critère de jugement principal correspondant à la capacité à auto‐prendre en charge une affection, il existe des preuves de qualité moyenne issues d'une étude selon lesquelles une amélioration des scores des mesures de la capacité d'auto‐prise en charge (score SED (Self‐Efficacy for Diabetes) (DM 6,10, IC à 95 % 0,45 à 11,75) et du score groupé DSSI (Diabetes Social Support Interview) (DM 4,39, IC à 95 % 2,85 à 5,92)) a été constatée chez les patients diabétiques bénéficiant d'une intervention consistant à envoyer des messages textes, sans toutefois approfondir les connaissances sur le diabète. Il existe des preuves de qualité moyenne issues de trois études concernant les effets sur l'observance d'un traitement. Une étude montrait une augmentation des taux d'observance d'un traitement chez les patients hypertendus appartenant au groupe d'intervention (DM 8,90, IC à 95 % 0,18 à 17,62) par rapport au groupe témoin. Mais dans une autre étude, il n'y avait aucun effet statistiquement significatif sur les taux d'observance concernant la mesure du débit expiratoire de pointe chez les patients asthmatiques. De même, les messages textes envoyés aux patients diabétiques ont initialement augmenté le nombre de résultats renvoyés concernant la glycémie (46,0) par rapport aux courriers électroniques (23,5).

Pour le critère de jugement secondaire correspondant à l'évaluation de l'intervention par les participants, il existe des preuves de qualité très médiocre issues de deux études selon lesquelles les patients recevant un soutien par l'envoi de messages sur leur téléphone portable constataient une amélioration de l'auto‐prise en charge du diabète, souhaitaient continuer à recevoir ces messages et préféraient la messagerie par téléphone portable à la messagerie électronique comme méthode d'accès à un système de rappel informatisé.

Pour le critère de jugement secondaire correspondant à l'utilisation de ce service de santé, il existe des preuves de qualité très médiocre issues de deux études. Les patients diabétiques recevant un soutien par l'envoi de messages textes totalisaient un nombre comparable de visites en clinique et d'appels à une assistance téléphonique d'urgence par rapport aux patients ne recevant aucun soutien. Pour les patients asthmatiques, le nombre total de consultations était supérieur dans le groupe recevant des messages textes, alors que le nombre d'admissions à l'hôpital était supérieur pour le groupe témoin.

Étant donné le nombre réduit d'essais inclus et le nombre limité global de participants, quel que soit le résultat examiné, la qualité des preuves peut être considérée, au mieux, comme étant moyenne.

Conclusions des auteurs

Nous avons trouvé quelques indications, bien que très limitées, selon lesquelles, dans certains cas, les interventions consistant à envoyer des messages par téléphone portable peuvent se révéler efficaces dans l'auto‐prise en charge de maladies à long terme. Toutefois, il existe des écarts d'informations significatifs concernant leurs effets à long terme, leur acceptabilité, leurs coûts et les risques liés à ce type d'intervention. Étant donné l'enthousiasme avec lequel ces interventions dites de « santé mobile » sont actuellement implémentées, d'autres recherches dans ce domaine sont nécessaires.

PICOs

Population
Intervention
Comparison
Outcome

The PICO model is widely used and taught in evidence-based health care as a strategy for formulating questions and search strategies and for characterizing clinical studies or meta-analyses. PICO stands for four different potential components of a clinical question: Patient, Population or Problem; Intervention; Comparison; Outcome.

See more on using PICO in the Cochrane Handbook.

Résumé simplifié

Envoi de messages par téléphone portable pour faciliter l'auto‐prise en charge de maladies à long terme

Un grand nombre de personnes souffrent d'affections à long terme, comme l'asthme ou le diabète. Pour faciliter au maximum le quotidien avec des maladies à long terme, les personnes doivent régulièrement surveiller les symptômes de leurs affections et adapter leurs styles de vie. La présente revue a étudié si les applications pour téléphone portable comme les SMS (Short Message Service) (aussi appelés « messages textes ») et les MMS (Multimedia Message Service) peuvent prendre en charge des personnes afin de les aider à mieux gérer leurs maladies à long terme en leur envoyant des rappels concernant leur traitement médicamenteux ou des messages de soutien ou en leur permettant de communiquer des informations importantes à leurs prestataires de soins de santé et de recevoir leurs avis en retour.

Nous avons trouvé des preuves de qualité moyenne selon lesquelles, sous certaines conditions, ces types d'applications peuvent effectivement avoir des effets positifs sur l'état de santé de patients diabétiques, hypertendus et asthmatiques, ainsi que sur leur capacité à gérer leur propre affection, bien qu'aucun effet significatif n'ait été observé pour certains résultats. Dans deux études, il y avait des preuves de qualité très médiocre selon lesquelles les participants étaient satisfaits de la prise en charge de l'envoi de messages par le téléphone portable. Aussi, dans deux études, il y avait des preuves de qualité très médiocre selon lesquelles : il n'y avait aucune différence au niveau de l'utilisation des services de santé par les patients diabétiques recevant une prise en charge par messages textes et ceux qui n'en recevaient pas (une étude) ; et les patients asthmatiques recevant des messages textes rendaient plus souvent visite à leur médecin, mais étaient moins souvent hospitalisés que ceux qui n'en recevaient pas (une étude).

Étant donné le nombre réduit de patients impliqués dans ces études, les preuves ne sont pas très probantes. De plus, nous ignorons toujours l'utilité et les éventuelles conséquences négatives de la messagerie par téléphone portable sur des périodes d'utilisation prolongées pour l'auto‐prise en charge d'affections à long terme.