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Halopéridol versus placebo dans la schizophrénie

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Résumé scientifique

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Contexte

L'halopéridol a été développé à la fin des années 1950 pour être utilisé dans le domaine de l'anesthésie. Les recherches ont ensuite démontré ses effets sur les hallucinations, les idées délirantes, l'agressivité, l'impulsivité et les états d'excitation, ce qui a débouché sur la commercialisation de l'halopéridol en tant qu'antipsychotique.

Objectifs

Évaluer les effets cliniques de l'halopéridol dans la prise en charge de la schizophrénie et d'autres troubles mentaux graves de même nature par rapport à un placebo.

Stratégie de recherche documentaire

Nous avons effectué une recherche électronique initiale dans Biological Abstracts (1985‐1998), CINAHL (1982‐1998), la Bibliothèque Cochrane (1998, numéro 4), le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (décembre 1998), EMBASE (1980‐1998), MEDLINE (1966‐1998), PsycLIT (1974‐1998) et SCISEARCH. Nous avons également examiné les références bibliographiques de toutes les études pertinentes afin d'identifier d'autres essais, et avons contacté les auteurs des essais ainsi que des sociétés pharmaceutiques afin d'obtenir davantage d'informations et des documents d'archive. Pour la mise à jour de 2005, nous avons consulté la Bibliothèque Cochrane (2005, numéro 6).

Nous avons mis à jour cette recherche le 15 mai 2012 et ajouté les résultats à la section de classification en attente de la revue.

Critères de sélection

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés pertinents comparant l'utilisation d'halopéridol (n'importe quelle dose orale) à un placebo chez des patients atteints de schizophrénie ou d'autres troubles psychotiques non affectifs graves de même nature (indépendamment du mode de diagnostic). Nos critères de jugement principaux étaient les décès, la perte de suivi, la réponse clinique et sociale, les rechutes et la gravité des effets indésirables.

Recueil et analyse des données

Nous avons évalué les données de manière indépendante et effectué l'analyse en intention de traiter en considérant que les participants qui avaient abandonné les études de manière prématurée ou étaient perdus de vue ne présentaient aucune amélioration. Lorsque cela était possible et approprié, nous avons analysé les données dichotomiques à l'aide du risque relatif (RR) et calculé les intervalles de confiance (IC) à 95 %. Le cas échéant, nous avons estimé le nombre de sujets à traiter (NST) ou le nombre nécessaire pour nuire (NNN). Pour les données continues, nous avons calculé les différences moyennes pondérées. Nous avons exclu les données continues lorsque la perte de suivi était supérieure à 50 % et avons examiné l'hétérogénéité des données.

Résultats principaux

Vingt‐et‐un essais randomisant 1 519 participants sont désormais inclus dans cette revue. Un nouvel essai, Kane 2002 (n = 414), a été ajouté mais n'affecte pas les résultats globaux. Davantage de patients du groupe de l'halopéridol présentaient une amélioration au cours des six premières semaines de traitement par rapport au groupe du placebo (3 ECR, n = 159, RR d'absence d'amélioration notable de 0,44, IC entre 0,3 et 0,6, NST de 3, IC entre 2 et 5). Huit autres essais observaient également une différence en faveur de l'halopéridol au cours de la période de 6‐24 semaines (8 ECR, n = 308, RR d'absence d'amélioration globale notable de 0,68, IC entre 0,6 et 0,8, NST de 3, IC entre 2,5 et 5), mais cela pourrait être dû à une surestimation de l'effet car aucune petite étude négative n'a été identifiée. Environ 50 % des participants n'allaient pas jusqu'au bout des essais de courte durée. Néanmoins, à 0‐6 semaines, 11 études rapportaient une différence marginalement favorable à l'halopéridol (11 ECR, n = 898, RR de 0,8, IC entre 0,7 et 0,9, NST de 59, IC entre 38 et 200). Les données des effets indésirables confirment cependant l'impression clinique selon laquelle l'halopéridol est fortement associé à des troubles du mouvement, tout du moins à court terme. L'halopéridol favorise la dystonie aiguë (3 ECR, n = 93, RR de 4,7, IC entre 1,7 et 44, NNN de 5, IC entre 3 et 9), l'akathisie (4 ECR, n = 333, RR de 2,6, IC entre 1,4 et 4,8, NNN de 7, IC entre 3 et 25) et le syndrome parkinsonien (4 ECR, n = 163, RR de 11,7, IC entre 2,9 et 47, NNN de 3, IC entre 2 et 5).

Recherche mise à jour en 2012 : les 72 nouvelles références bibliographiques dans la section de classification en attente de la revue pourraient modifier les résultats et les conclusions une fois évaluées.

Conclusions des auteurs

L'halopéridol est un puissant médicament antipsychotique mais il est associé à un risque élevé d'effets indésirables. En l'absence d'autre option de traitement, l'utilisation d'halopéridol est justifiée pour éviter les conséquences néfastes et potentiellement dangereuses de la schizophrénie non traitée. Néanmoins, lorsque d'autres médicaments sont disponibles, les patients schizophrènes et les cliniciens pourraient préférer un antipsychotique moins susceptible d'entraîner des effets indésirables tels qu'un syndrome parkinsonien, une akathisie et des dystonies aiguës. L'halopéridol ne devrait pas être considéré comme médicament témoin de choix dans les essais randomisés portant sur de nouveaux antipsychotiques.

PICOs

Population
Intervention
Comparison
Outcome

The PICO model is widely used and taught in evidence-based health care as a strategy for formulating questions and search strategies and for characterizing clinical studies or meta-analyses. PICO stands for four different potential components of a clinical question: Patient, Population or Problem; Intervention; Comparison; Outcome.

See more on using PICO in the Cochrane Handbook.

Résumé simplifié

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Halopéridol versus placebo dans la schizophrénie

La schizophrénie est un trouble mental de longue durée éprouvant qui affecte 1 % de la population. Des médicaments sont disponibles depuis les années 1950, et l'halopéridol a été l'un des premiers antipsychotiques proposés aux patients. Malgré le développement de nombreux autres antipsychotiques, il reste très largement utilisé et est l'antipsychotique le plus employé pour évaluer l'efficacité des nouveaux médicaments. L'objectif de cette revue est d'actualiser les connaissances issues d'essais cliniques comparant un placebo à de l'halopéridol.

Cette revue contient 21 études portant sur un total de 1 519 participants hospitalisés ou vivant au sein de la communauté. L'halopéridol s'avérait supérieur au placebo pour améliorer le fonctionnement général et certains symptômes à court terme (0‐6 semaines), et le fonctionnement général uniquement à moyen terme (plus de six semaines mais moins de 24 semaines). Dans le cadre de ces essais, aucun participant n'a fait l'objet d'un suivi supérieur à 24 semaines. Par rapport au groupe du placebo, un nombre significatif de participants sous halopéridol présentaient au moins un effet indésirable, principalement une raideur (dystonie) et des troubles du mouvement, tels que des tremblements ou une agitation (syndrome parkinsonien). De plus, six essais portant sur 307 participants observaient qu'un nombre significatif de patients souffraient de somnolence par rapport au groupe témoin. Dans l'ensemble, les données de ces essais ne sont pas de bonne qualité et de nombreux critères de jugement sont présentés de telle sorte qu'il n'est pas possible de les utiliser dans cette revue. Qui plus est, un peu moins de la moitié des participants sous halopéridol et un peu plus de la moitié de ceux sous placebo abandonnaient les études de manière prématurée, ce qui suggère un plan d'étude potentiellement inacceptable pour ces participants. Au vu de ces résultats, il est quelque peu surprenant que ce médicament soit si largement utilisé comme référence pour l'évaluation des nouveaux traitements.

(Résumé simplifié préparé pour cette revue par Janey Antoniou de RETHINK, UK www.rethink.org).